nanomètres. La
structuration de surface aux petites échelles a fait l’objet de
recherches importantes dans le domaine de la micro-thermo-fluidique.
Pour un
écoulement monophasique, elle peut selon les configurations,
permettre de
réduire sensiblement les coefficients de frottement (surfaces
nanostructurées
super-hydrophobes) ou d’intensifier les transferts thermiques. Les
recherches
en ébullition sur les surfaces nanostructurées font
l’objet d’un intérêt marqué
de la communauté scientifique ces toutes dernières
années
compte tenu de leur impact sensible sur le caractère mouillant
ou non mouillant
des surfaces, et par conséquent sur les transferts de chaleur
avec changement de
phase : les surfaces fortement hydrophiles repoussent la valeur limite
du flux
critique du fait de la diminution de
l’angle de contact au niveau de la ligne triple. Les surfaces
hydrophobes, au
contraire, se caractérisent par une plus faible énergie
d’activation des sites
de nucléation mais
permettent un regroupement des bulles générées en
surface qui conduit à une
couverture néfaste de vapeur de celle-ci. L'objet de ce projet
est d'évaluer
l'impact de la nanostructuration sur les transferts thermiques avec
changement
de phase par évaporation et ébullition. Les
problèmes seront abordés par
l'expérience et de manière théorique, et ce
à plusieurs échelles. Différents
procédés de fabrication de telles surfaces seront
employés, mais l'étude même
de ces procédés ne sera pas abordée. Toutefois la
caractérisation fine des
surfaces nanostructurées étudiées, par MEB
(microscope électronique à balayage)
ou AFM (microscope à force atomique), constituera un des points
clef de
l’étude. Concernant l'approche expérimentale, diverses
cellules d'essais seront
réalisées afin d’étudier différents aspects
de l’ébullition sur des surfaces
nanostructurées. Du point de vue microscopique, on s’attachera
à étudier l’influence
du mouillage sur le comportement statique et dynamique
de la ligne triple. Une cellule de type Hele-Shaw sera également
développée
pour caractériser la croissance d'une bulle isolée et
l’impact du cisaillement
sur les transferts à l’échelle d’une bulle en
présence de surfaces nanostructurées.
Du point de vue macroscopique, le coefficient de transfert thermique et
le flux
critique seront étudiés en situation d’ébullition
libre et convective pour des configurations
géométriques (fils, échantillons massifs) et de
structuration (répartition
uniforme ou même inhomogène de sites hydrophiles/phobes
sur une surface donnée)
variées. Des visualisations par caméra rapide permettront
d'établir les liens
entre performance thermique et comportement hydrodynamique. Les
résultats
expérimentaux seront confrontés à une analyse
théorique. A cet effet, deux
types de modèles correspondant chacun à des
échelles différentes seront développés
ou étendus : des modèles basés sur la
dynamique moléculaire pour les plus petites échelles et
des modèles de champs
de phases aux échelles intermédiaires, avec pour objectif
ultime l’élaboration
de modèles continus aux échelles millimétriques,
qui ne seront pas
explicitement traitées dans ce projet. Chaque
modèle pourra fournir aux autres des conditions aux limites
pertinentes, afin
qu'aucun saut d'échelle ne soit nécessaire et que les
informations puissent
circuler des plus petites aux plus fortes échelles, ou
vice-versa. Les phénomènes
d'évaporation à la ligne triple seront décrits
à
l'aide de la dynamique moléculaire. Les modèles de champs
de phase ont été
éprouvés pour la prédiction de l'impact de la
structuration de surface sur la
mouillabilité mais ils n'ont jamais été
réellement étendus aux aspects de
transport thermique. Une telle extension permettra de
comprendre comment la nanostructuration de surface modifie
l'hydrodynamique et
les transferts thermiques lors de l'ébullition.